L’art au Vietnam vient souvent d’un point de vue philosophique où le processus est tout aussi important que le résultat. Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne l’art de la calligraphie vietnamienne. En effet, elle est très appréciée pour ses caractères ou idéogrammes saisissants réalisés avec des coups de pinceau mais aussi pour la finesse et l’état d’esprit des artistes.
La calligraphie au Vietnam
La calligraphie, ou Thư pháp en vietnamien, est une forme d’art ancienne d’origine chinoise se concentrant sur la règle de l’écriture. Les caractères ou les sinogrammes chinois ont été remplacés par une écriture romanisée au cours du XVIIe siècle, créant une fusion entre l’est et l’ouest. Au fil du temps, le style unique de la calligraphie vietnamienne évolua, servant comme un navire aux nombreuses traditions artistiques du pays.
En fait, cet art subtil ne concerne pas du tout l’écriture manuscrite mais il s’agit de dessiner de petits morceaux de lettres. Pour réaliser des belles calligraphies, il faut utiliser quatre outils qui sont également connus sous le nom des « quatre trésors ». Le pinceau constitue l’outil le plus important parmi les quatre et le choix du bon pinceau exige de nombreuses qualités. Pour cela, le calligraphe a besoin d’un pinceau souple et résistant qui peut répondre rapidement aux commandes subtiles de sa main.
Ensuite, l’encre utilisée pour la calligraphie peut être en liquide ou en bâton, cependant, cette dernière forme est préférée au Vietnam et en Asie en général. C’est un bâton solide, un mélange comprimé de suie végétale et de colle que le calligraphe broie avec de l’eau sur un encrier pour produire de l’encre liquide. L’encrier est fabriqué à partir de pierre, de métal ou de poterie et souvent décoré de motifs sophistiqués. Enfin, le papier utilisé doit avoir une texture fine et une bonne capacité d’absorption.
La calligraphie vietnamienne, un art de méditation
Dans la calligraphie vietnamienne, avoir une bonne écriture n’est pas suffisant mais cela nécessite des compétences d’observation, de patience, d’une grande attention aux détails et de persévérance mais aussi beaucoup de pratique. La patience et la persévérance sont importantes pour un calligraphe car la calligraphie est incroyablement axée sur les détails. Le papier ne donne au calligraphe qu’une seule chance. Il n’y a donc pas de place pour la correction dès le moment où l’encre touche le papier et la moindre hésitation risque de ruiner le travail. L’angle sous lequel le pinceau est maintenu ainsi que la pression et la vitesse avec lesquelles on applique le premier trait déterminent la forme d’écriture.
Cet art esthétique nécessite donc une grande concentration car on dit que les variations subtiles de l’épaisseur des lignes des lettres reflètent l’état d’esprit de l’artiste. La concentration doit être maintenue de manière positive sur la tâche. Il faut être libre de toute pensée négative pour créer une belle calligraphie. Ainsi, cet acte devient une performance, où l’artiste s’engage avec le corps et l’esprit. Si vous vous engagez à le maîtriser pour une raison autre que l’amélioration de votre corps et de votre esprit, vous constaterez que vous perdrez votre concentration, deviendrez frustré et échouerez finalement à la tâche.
Demander la calligraphie, une coutume traditionnelle durant le Tet
Pour cette raison, la calligraphie vietnamienne est encore pratiquée jusqu’à aujourd’hui. Notamment à l’occasion de Tet, la plus grande fête des Vietnamiens, les habitants ont l’habitude de se rendre aux temples pour « demander » une calligraphie à suspendre dans la maison avec les souhaits de meilleurs vœux pour la nouvelle année.
« Chaque année s’ouvre la fleur du pêcher
On retrouve le vieux calligraphe
Encre de Chine, papier rouge étalés
Sur un trottoir parmi tant de passants »
(Le vieux calligraphe – Vu Dinh Liên)
Ces vers sont gravés profondément dans la mémoire des Vietnamiens comme une habitude indispensable lors des premiers jours du Tet et demeure depuis longtemps un trait culturel typique de la tradition vietnamienne.
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