Il fut un temps où le nom «dieu dom » désignait des personnes qui avaient un travail spécifique : il s’agissait des servants qui aidaient les riches ou les mandarins de l’ancienne société vietnamienne à fumer le tabac avec les pipes à eau.
Ce travail est bien sûr associé à la coutume vietnamienne qui consiste à fumer le Thuoc Lao (petit tabac ou tabac de jardin vietnamien) avec la pipe à eau. On ne sait pas d’où vient le nom Thuoc Lao (en vietnamien, thuoc c’est à dire tabac et Lao est un mot homophones avec Laos, le pays). Lors d’un voyage au Laos, si vous demandez une pipe pour fumer le Thuoc Lao, aucun Laotien ne vous comprendra. Leur montrer une pincée de ce tabac doré, emballé dans un sac en plastique, mènera au même résultat. Même en remontant à ses origines dans le Guangdong, Guangxi, Yunnan et Chongqing en Chine, personne ne le connaîtra non plus. Là-bas, dans certaines régions montagneuses du Yunnan, les gens ont fumé un type de tabac appelé Thuoc Bao. Cependant, il s’agit plutôt de cigarettes que de pipe. On peut donc conclure que le Thuoc Lao est une spécialité du Vietnam : seulement les Vietnamiens peuvent maîtriser le processus pour traiter les feuilles de Thuoc Lao. Ce dernier est principalement cultivé dans les zones côtières comme Tien Lang, Vinh Bao – Hai Phong, Thai Thuy – Thai Binh. Dans la zone du marché de Cho à Bac Ninh, on cultive également cette plante mais elle n’est pas de très bonne qualité. Les plantes de Thuoc Lao doivent être cultivées avec un taux de croissance modéré. Et il faut les composter avec du fumier. Si les plantes poussent trop vite, le tabac sera trop fort pour être fumé. En revanche, trop lent, le tabac n’aura pas de goût. Les feuilles de Thuoc Lao doivent être cuites, tranchées, séchées et enfin traitées avec de l’eau de riz cuite pour conserver l’humidité du produit final. Pendant la guerre, dans le Nord du Vietnam, le Thuoc Lao qui vient de Tien Lang était vendu dans des emballages en papier noir sous la marque de Thong Nhat. Le prix à cette période était de 1,2 hao (ancien monnaie du Vietnam) par paquet. Mais à cette époque, le Thuoc Lao était mélangé souvent avec beaucoup de débris fumants. De plus, le papier d’emballage mince se montre inefficace pendant la saison sèche : les pincées du tabac s’émiettaient. Alors, après avoir acheté du tabac, on devait mettre des écorces de mandarine dans l’emballage pour garder le tabac humide.
Bien sûr, on ne peut pas être fier de cette spécificité culturelle. Fumer est aujourd’hui considéré dans le monde comme un danger pour la santé.
Les Vietnamiens fument ce tabac de Thuoc Lao depuis quand, personne ne le sait. Selon des preuves archéologiques, les Dieu Bat (foyers en céramique utilisé pour fumer le Thuoc Lao) remonteraient à la période de la dynastie de Ly. Mais ce n’est que la conjecture car ces foyers sont trop anciens par rapport aux autres artefacts archéologiques mais trop moderne par rapport aux autres types de pipe. Donc ces preuves peuvent montrer que la fabrication de céramique était bien développée pendant la période de la dynastie de Ly mais elles ne peuvent pas prouver la période de naissance du Thuoc Lao.
Les Vietnamiens fument le Thuoc Lao avec 3 type de pipe à eau tels que : Dieu Ong (la pipe en bois), Dieu Bat (le foyer en céramique) et Dieu Cay (la pipe en bambou). L’ordre trié par le luxe des pipes. Si on les classe sur la base de l’histoire du développement, il est possible que la Dieu Cay soit la première née, vu sa simplicité. La Dieu Ong – la plus luxueuse est probablement née avant le Dieu Bat car elle a d’abord été fabriqué en bambou. Plus tard, avec le temps, la Dieu Ong est finalement fabriqué en bois avec des décorations en argent ou en ivoire. Dans les régions montagneuses du Nord Vietnam, on a aussi la Dieu Uc, une sorte de pipe en bambou comme la Dieu Cay mais quand on fume, elle ne fait pas de bruit comme la Dieu Cay. Afin de pouvoir fumer les tabac avec la Dieu Uc, le fumeur devrait l’entrainer pendant un certain de temps afin que maitriser les techniques de fumer : l’eau ne s’écoule pas dans la bouche quand on fume. Les jeunes soldats vietnamiens stationnés dans les montagnes du Nord utilisent très bien cette Dieu Uc pour fumer le Thuoc Lao et savent même comment faire sortir le résidu de la pipe avec style. Après avoir fini de fumer, on souffle dans la pipe afin de faire sortir la résidu du tabac du fourneau, dans une courbe en forme d’arc-en-ciel. À la fin de la courbe, si on fait bien, se trouvait un bol pour jeter les résidus. Et ces soldats ont toujours réussi à faire tomber ces derniers précisément dans ce bol.
Toutes les pipes de Thuoc Lao suivent le principe de filtrer la fumée dans l’eau avant de la faire entrer dans les poumons. L’expression vietnamienne «Les cigarettes provoquent la tuberculose, mais les Thuoc Lao sont bons pour les poumons.» est née de cette croyance. Les fumeurs pensent que la fumée filtrée dans l’eau est une bonne fumée. Mais pour savoir si l’eau de filtration est vraiment bonne ou non, il faut demander aux personnes âgées qui cultivent des Cymbidiums pour en être sûr. Il suffit de balayer l’eau qui est utilisé pour filtrer la fumée de Thuoc Lao une fois sur les feuilles des Cymbidiums et tous les vers, les insectes mourront. Mais étonnamment, les plantes de Thuoc Lao sont souvent attaquées par des insectes au moment de la récolte. Et on doit utiliser la colle faite du riz gluant, enveloppée sur un bâton, pour rouler sur les feuilles afin de tuer tous les vers.
Les fumeurs peuvent utiliser eux-même le Dieu Cay et le Dieu Bat. Mais pour le Dieu Ong, avant, il fallait absolument avoir un servant. Le fumeur était assis avec les jambes croisées sur un lit de planches en attendant son servant de préparer la Dieu Ong, avec son tuyau d’environ une mètre de long, afin de pouvoir fumer le Thuoc Lao. Une fois sortir de la maison, le servant devait amener la boite de tabac et les outils pour allumer. Et bien sûr, aussi la Dieu Ong pour que son maitre puisse s’arrêter et fumer n’importe où. En raison des étapes si complexes, seuls les mandarins ou les riches pouvaient poursuivre ce passe-temps. Certains enseignants dans les villages fumaient le Thuoc Lao en utilisant également le Dieu Ong et utilisaient leurs élèves comme des servants, cependant ces derniers n’étaient que des non-professionnels. Après la Révolution d’Août en 1945, il ne restait pas beaucoup de gens utilisant les servants pour fumer. Par conséquence, le tuyau de la Dieu Ong a dû également être raccourcie pour que le fumeur puisse se servir seul.
Les servants de fumer doivent connaître certaines choses. En début de journée, il faut qu’ils changent de l’eau dans la pipe et la nettoient. Ils utilisent les cendres de bois pour faire polir le fourneau et les pièces argentées sur la pipe. Et des feuilles de bananier séchées pour les pièces en acajou perlé. Ils doivent également nettoyer le tuyau à l’aide des baleines de parapluie. Enfin, couper les bambous pour en faire des allumettes. Les bâtons en bambous brulent très bien mais les poètes ne les ont jamais utilisées. Car selon eux, si ils les utilisent pour fumer, ils composent souvent des mauvais poèmes, « à l’odeur puante ». Les Hanoiens ont commencé à fumer le Thuoc Lao avec les allumettes au lieu des bâtons en bambou depuis la naissance de l’usine d’allumettes Thong Nhat, à Cau Duong (Thong Nhat = Unification). Et on continue jusqu’à ce jour d’utiliser ces allumettes minces et blanches pour remplacer les bâtons en bambou. Le pays a été unifié depuis plus de 40 ans. Ce qui était lié au nom Thong Nhat – Unification était presque tout dissous. Du ministère de l’Unification, au Club de Thong Nhat, à l’usine de motos Thong Nhat, et aussi Thuoc Lao de marque Thong Nhat, n’existent plus. Seules les allumettes Thong Nhat sont encore produites à ce jour.
Les gens de la classe moyenne utilisent souvent des foyers en céramique, mis dans une caisse en bois avec une poignée.
Le tuyau pour fumer du foyer est un tube en bambou droit avec des motifs décoratifs. Une extrémité du tube de bambou est brulée et insérée dans le trou du foyer. Le fumeur qui utilise le foyer céramique doit allumer lui-même le tabac. On introduit le Thuoc Lao dans le petit fourneau du foyer, puis on allume le tabac tout en aspirant. Puis, on utilise un bâton pour faire sortir le résidu en fumant une dernière fois. Le tuyau est également utilisé comme un outil dans l’ancienne société pour punir les enfants de moins de dix ans : si ces derniers ne sont pas sages, on utilise le tuyau pour les fouetter.
Pour ceux qui n’ont pas d’argent, on utilise la Dieu Cay pour fumer le Thuoc Lao. Le nom est étroitement lié aux paysans et leurs charrues (Cay c-à-d Charrue en vietnamien). Tôt le matin, lorsqu’ils se rendaient au champ pour travailler, ils mettraient souvent une Dieu Cay et une théière sur leurs charrues.
Quand on fume du Thuoc Lao dans le champ, il y a souvent du vent, donc les paysans doivent apporter avec eux la paille pour garder le feu. Mais il faut quand même un certain temps pour créer du feu afin de fumer. Ceux qui travaillent dans les champs mais oublient d’apporter leurs Dieu Cay, doivent utiliser leurs mains comme la pipe et utiliser le thé comme eau filtrée pour fumer. Après s’être brûlé les doigts plusieurs fois, cela devient une habitude.
Jusqu’à présent, toutes les petites gargotes de thé à Hanoi ont une Dieu Cay, en raison de sa simplicité d’utilisation. Une bonne Dieu Cay c’est celle qui produit un bruit fort quand on la fume, ce qui est aussi un outil pour attirer de nombreux clients à s’arrêter pour boire de un verre de thé et fumer. Deux gargotes qui se trouvent proches l’un de l’autre rivalisent par le bruit des Dieu Cay. Le Thuoc Lao est aussi addictif comme tous les autres tabacs. On dit que c’est comme l’amour. «Le Thuoc Lao me manque tout comme elle/ J’ai pourtant enterré tout mon attirail/ Mais je l’ai déterré vaille que vaille/ Pour pouvoir encore fumer de plus belle».
Maintenant, il n’y a pas beaucoup de gens qui fument le Thuoc Lao. Trouver une pipe à eau dans un endroit étrange n’est pas facile. Certains journalistes bien connus quand ils voyagent à l’étranger doivent apporter une mini Dieu Cay avec eux. Ils prennent également des photos d’eux en train de fumer du Thuoc Lao devant la Maison Blanche. Un dramaturge célèbre a inventé également une étrange façon de fabriquer un pipe à eau. Il ne faut apporter que le fourneau. Puis utiliser une cigarette allumée pour créer un trou sur une bouteille plastique et enfoncer rapidement le fourneau dans cette dernière via le trou. On a alors un «Pipe à eau en plastique».
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