Lorsqu’on mentionne la région de Tay Nguyen au centre du Vietnam, on pense souvent aux images des Nha Rong (maisons communautaires), des villageois s’unissant autour du feu en dansant le Xoang et jouant du gong pour célébrer des événements importants. En apportant des valeurs précieuses de l’histoire, de la culture et du développement de la musique folklorique, la culture des gongs est un trésor et une voix des ethnies minoritaires dans les hauts plateaux. La culture des gongs du Tay Nguyen a été reconnue comme « patrimoine culturel immatériel de l’humanité » en 2005 par l’UNESCO. Il s’étend sur cinq provinces : Kon Tum, Gia Lai, Dak Lak, Dak Nông et Lâm Dông. Les champs de cet aspect culturel sont de différents groupes ethniques et de différentes composantes : les gongs, lespièces musicales pour gongs, les joueurs de gongs, les rituels et festivals pratiqués à l’aide de gongs… »
Les gongs, un instrument symbolique du Tay Nguyen
Bien qu’il soit un instrument populaire joué dans de nombreuses régions du Vietnam, les gongs sont considérés un trait représentatif de la région de Tay Nguyen car cette région est le berceau de ce type d’art. Les gongs, ainsi que les tambours de bronze étaient deux instruments typiques issus de la culture du bronze de Dong Son, existant il y a au moins 3500 ans.
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Les gongs sont en fait classés en deux catégories : công (instrument à poignée au centre) et chiêng (instrument plat sans poignée). Ils sont de différentes tailles, de 20cm à 60cm, voire 90cm à 120cm de diamètre. Un ensemble de gongs peut se composer de 2 à 12, 18 ou même 20 pièces. Ce qui les rend unique est la combinaison flexible des sons tantôt aigus tantôt graves, les công sont réservés à l’accompagnement alors que les chiêng sont utilisés pour créer des mélodies. Ils peuvent être combinés avec d’autres instruments tels que des tambours ou des hochets pour créer des mélodies riches.
La culture des gongs du Tay Nguyen, un pan de la vie des locaux
Pour les ethnies minoritaires des Hauts plateaux, ces mélodies sont étroitement liées aux événements les plus importants de la vie d’une personne, de sa naissance jusqu’à son dernier souffle. Ils sont présents également dans toutes les cérémonies sacrées d’un village telles que le rituel du nouveau riz, l’invocation de la pluie, les rites de sacrifice du buffle,… En effet, les gongs du Tay Nguyen sont le seul instrument étant présent dans tous les rituels de la vie de la communauté. Les performances des gongs sont les plus attendues et les plus animées lors des fêtes traditionnelles de la région.
En plus d’être un instrument de musique populaire, les gongs sont aussi des biens précieux. Ils témoignent de la fortune, de l’autorité et du prestige de leur propriétaire. Une personne n’est pas considérée comme riche s’il n’a pas de gongs, même s’il possède une maison et une voiture. Les familles et les villages qui ont plus de gongs seront respectés et suivis par les autres. Témoin d’une valeur matérielle évidente dans la communauté des ethnies, ces instruments ont aussi une grande valeur spirituelle reliant à leur système de croyance.
Les caractéristiques sacrées de la culture des gongs du Tay Nguyen
La croyance des ethnies de Tay Nguyen se compose d’un monde mystique où le jeu de gongs constitue une langue privilégiée entre les hommes, les génies et le monde surnaturel. Les công et chiêng sont présentés dans les contes folkloriques comme un objet magique. Les habitants croient que derrière chaque gong se cache un dieu ou une déesse aussi puissant que le gong est ancien. En effet, son ancienneté améliore non seulement sa sonorité mais aussi la puissance et le pouvoir magique du génie locataire.
Le son des gongs devient un fil ésotérique reliant le monde terrestre au monde divin. Les habitants jouent des gongs dans les rituels du village pour demander la protection des dieux. Par conséquent, le son de gongs suit une personne dès sa naissance en lui donnant les premiers signaux de sa communauté jusqu’à sa mort en le conduisant au ciel. Les gongs témoignent également de l’unité et de la solidarité entre les membres d’une communauté. Lorsque le son de gongs résonne, les gens se tiennent les mains en dansant le Xoang (la danse folklorique du Tay Nguyen) et chantant dans une ambiance chaleureuse autour du feu de camp.
La culture des gongs de Tay Nguyen ne constitue pas seulement la fierté des ethnies de la région, mais de tous les Vietnamiens. Ce chef-d’œuvre est devenu un outil pour faire découvrir les caractéristiques culturelles des Hauts plateaux au Centre mais aussi une invitation à venir visiter ce lieu riche en traditions.
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